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Béja

 

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Béja (arabe : باجة) est une ville du Nord-Ouest de la Tunisie située à une centaine de kilomètres de Tunis et à une cinquantaine de kilomètres de la frontière tuniso-algérienne.

Chef-lieu du gouvernorat du même nom, elle constitue une municipalité comptant 62 303 habitants en 2014.

 

Étymologie

Vaga est le nom antique de l'actuelle Béja. C'est dans la Guerre de Jugurtha écrit par Salluste que le nom de Vaga est cité pour la première fois dans une œuvre écrite. Salluste en parle comme d'une ville qui avait déjà à cette époque une citadelle et des portes.

 

Pline l'Ancien en parle aussi dans son Histoire naturelle. Pour sa part, Plutarque évoque aussi cette ville dans Les Vies des hommes illustres sous l'orthographe « Vacca ». Enfin, le vers 260 de Silius Italicus dans ses Punica indique aussi l'existence de cette ville. Plus tard, le nom de Vaga subira plusieurs transformations et ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que l'orthographe actuelle est d’usage. Léon l'Africain explique dans De l'Afrique l'origine du nom de la ville :

« Elle [Béja] fut fabriquée par les Romains sur les fondements d'une autre qui y était auparavant, et pour cela s'appelait Vecchia qui signifie vieille ; et par la corruption du temps, le « v » fut transformé en « b », et les deux « cc » en deux « gg », tant que maintenant elle retient le nom de Beggia. Mais je crois qu'il a été corrompu par les grandes et fréquentes mutations des seigneuries et lois. »

L'abbé Neu étudie aussi dans Notice historique sur la ville de Béja l'origine du nom Vaga :

« Les Arabes l'appellent Badja, nom évidemment dérivé de la Vaga des Romains. Ce mot malgré sa signification de vagabond en latin, ou de vagues que produit le blé sous la brise, et qui rappellent les vagues de la mer, ne me paraît cependant être qu'une corruption du nom libyen ou phénicien que Béja portait dès son origine. »

 

Géographie

Site

Au centre de l'une des régions les plus verdoyantes du pays, à la lisière des monts de Kroumirie et dans une trouée qui est une extension de la vallée de la Medjerda, la région de Béja présente des paysages variés : zones montagneuses densément recouvertes d'arbres, plaines agricoles et vallées fluviales.

 

 

Climat

La ville de Béja jouit d'un climat méditerranéen caractérisé par une saison fraîche et pluvieuse et une saison chaude et sèche.

 

 

Histoire

Origines berbères

Dans sa Notice historique sur la ville de Béja, l'abbé Neu retrace les grandes lignes de l'histoire de Béja depuis sa fondation par les Berbères jusqu'en 674, année de la fondation de Kairouan par Oqba Ibn Nafi al-Fihri. Évoquant la fondation de la cité, il écrit :

« Il est permis de croire que la région de Béja, par la beauté de ses sites, la fertilité de son territoire, ses grandes forêts, avait dû attirer de bonne heure quelque tribu libyenne qui s'y est fixée et a prospéré [...] La tribu libyenne indigène qui s'est originairement établie sur l'emplacement de la ville de Béja, est celle des Ouarigha ou Avrigha, les Afarick des généalogistes arabes, qui peuplèrent une grande partie de la région qui devint dans la suite le territoire de Carthage. »

 

 

Léon l'Africain confirme que Béja existait déjà avant l'arrivée en Tunisie des Phéniciens en précisant qu'elle « fut fabriquée par les Romains sur les fondements d'une autre qui y était auparavant », ce qui expliquait pour lui son nom de Vecchia qui signifie « vieille ». C'est Hérodote, au Ve siècle av. J.-C., qui donne dans son Enquête une description du cadre de vie et des habitudes des habitants de cette région de la Tunisie s'adonnant essentiellement à l'agriculture.

Vaga, ville très riche à cette époque, est déjà, pour des raisons défensives, une ville fortifiée, bâtie en terrasse, et possède une citadelle, des portes et des tours ; c'est ainsi que Salluste décrit Vaga dans la Guerre de Jugurtha. Vu l'importance vitale de l'eau, la fondation de la ville de Béja sur les pentes d'une colline d'où jaillissent des dizaines de sources n'est sans doute pas due au hasard : l'eau servait à la purification du corps et des divinités y étaient rattachées en raison de sa nature thérapeutique du corps et de l'esprit. La source la plus importante est celle qui porte le nom de la ville : Aïn Béja.

 

Développement carthaginois

Avec l'arrivée des Phéniciens sur les côtes tunisiennes et la fondation de Carthage en 814 av. J.-C., une nouvelle ère s'ouvre et Béja devient une cité florissante équipée d'une garnison et fortifiée. L'existence de la cité phénicienne sur l'emplacement de Béja a d'ailleurs été confirmée par la découverte d'une nécropole punique où ont été mises au jour quelque 150 tombes.

 

Les Phéniciens ont apporté avec eux leurs divinités qui se mélangèrent harmonieusement aux divinités berbères pour former un seul panthéon. Parmi les vestiges de cette tradition figure d'une part un bas-relief des sept personnages de Béja, exposé au musée national du Bardo à Tunis, montre Bonchor qui occupe la place d'honneur au centre, tenant à la main une sorte de sceptre. À sa droite se trouvent Vihinam, vêtue d'une longue cape et qui semble présider aux accouchements, Macurgum accoudé à un bâton autour duquel s'enroule un serpent évoquant Esculape et le cavalier Macurtam. À sa gauche figurent Varsissima vêtue d'une longue cape sans attribut, Matilam devant lequel gît un bélier sacrifié et le cavalier Iunam. L'une des portes antiques de Béja s'appelle d'ailleurs Bab Essabaa ou « Porte des Sept ». D'autre part, le musée de Leyde (Rijksmuseum van Oudheden) aux Pays-Bas conserve une stèle punique déterrée à Béja où les sept planètes sont représentées sous des figures humaines.

 

Intégrée à l'empire carthaginois, la cité est touchée par les guerres puniques successives ; la cité s'illustre notamment durant la Deuxième guerre punique en appuyant les efforts de guerre du général Hannibal Barca. Dans Punica, Silius Italicus énumère de façon détaillée le nom des chefs et des villes, dont Vaga, qui ont envoyé des secours à Hannibal Barca dans la lutte qu'il soutient contre Rome. 

En 146 av. J.-C., au terme de la Troisième guerre punique, Scipion Émilien s'empare de Carthage et la fait raser.

Dans le même temps, Massinissa conserve son royaume et parvient à l'agrandir. Immédiatement, Scipion creuse un fossé, la Fossa regia qui isole les royaumes numides des territoires passés en mains romaines. Le territoire de Béja ne fut pas occupé car il faisait partie des terres revendiquées puis récupérées par Massinissa. Sous les règnes de Massinissa puis de Micipsa, le royaume garde un semblant d'indépendance sous la surveillance des consuls romains basés à Carthage. Rome lance alors le processus de romanisation du pays et envoie de nombreuses colonies qui implantent peu à peu l'usage de la langue latine et la civilisation romaine. De nombreux commerçants et colons en profitent pour s'installer à Béja et augmentent le nombre des Romains habitant cette ville. Cette affluence d'étrangers déplaît toutefois aux populations indigènes qui sont encore loin d'être totalement soumises à cette époque.

 

Épopée de Jugurtha

En 118 av. J.-C., Micipsa désigne pour lui succéder ses deux fils Hiempsal et Adherbal devant régner conjointement avec leur cousin Jugurtha. Ce dernier, hostile à l'influence romaine, souhaite se défaire de ses cousins acquis à la politique romaine : il fait assassiner Hiempsal mais Adherbal s'enfuit et demande la protection du Sénat romain qui lui accorde la partie occidentale du royaume alors que Jugurtha établit le siège de son gouvernement à Béja. En 112 av. J.-C., ce dernier lève une armée et s'empare du territoire d'Adherbal qui est massacré avec ses principaux partisans. Rome prend ce prétexte pour déclarer la guerre à Jugurtha qui n'est pas en mesure de résister à l'armée romaine. Il corrompt alors le chef de celle-ci et obtient un traité de paix que le Sénat romain ne ratifie pas. En 109 av. J.-C., Rome lui déclare donc à nouveau la guerre, poussant Jugurtha à abandonner Béja et à s'enfoncer dans la campagne pour y attirer l'armée romaine. Le consul Quintus Caecilius Metellus Numidicus, qui commande la colonne romaine, se contente toutefois de s'emparer de Béja, de la fortifier et d'y réunir des vivres pour permettre à la garnison qu'il y laisse de soutenir un long siège.

Les habitants de Béja acceptent assez facilement la garnison dont la présence contribue à la prospérité du commerce local. Néanmoins, Jugurtha parvient à convaincre les chefs numides de la cité de se retourner contre la garnison. À la tête d'une légion appuyée par des cavaliers numides, Metellus parvient à reprendre Béja, la population croyant à un retour de Jugurtha lui ouvrit les portes de la cité. Après avoir rétabli l'ordre, Metellus y laisse une nouvelle garnison et attend Jugurtha qu'il met finalement en déroute. En 107 av. J.-C., Marius, son lieutenant, est nommé consul et poursuit les hostilités durant trois ans.

Trahi par Bocchus, son beau-père et allié, qui le livre enchaîné à un lieutenant de Marius, Jugurtha est envoyé quelques années plus tard à Rome et jeté en prison où il meurt.

 

Domination romaine

En 46 av. J.-C., après la défaite de Jugurtha, Rome étend son territoire : Carthage et la plus grande partie des états de Jugurtha deviennent officiellement province romaine. Béja, en raison de sa position et de son importance stratégique, reçoit une garnison permanente et se voit intégrée à la province. En 17 av. J.-C., l'actuelle Tunisie et la Tripolitaine sont réunies en une seule province qui prend le nom de province consulaire d'Afrique. À cette époque, les Romains démantèlent la vieille citadelle carthaginoise de Béja et construisent celle dont subsistent les restes imposants tout comme les fortifications. Les Romains élèvent par ailleurs d'autres monuments et embellissent la ville qui redevient durant quatre siècles une cité florissante.

Les Romains apportent leurs divinités gréco-romaines et l'on retrouve en grand nombre les noms de ces divinités sur les stèles commémoratives et les épitaphes funéraires : Saturne vient en tête suivi de Diane, Mercure ou Jupiter assimilé à Sabazios.

En 29, sous le règne de l'empereur Tibère, les Romains construisent un pont au sud de la ville, pour permettre à la voie romaine Carthage - Hippone (via Tabarka) de franchir l'oued Béja. Ce pont est remanié ultérieurement, peut-être en 76 comme le laisse penser une inscription trouvée à proximité. Il est toujours visible de nos jours.

En 193, Béja toujours prospère est élevée par l'empereur Septime Sévère au rang de colonie romaine et prend le nom de Colonia Septimia Vaga. La dédicace de l'arc de triomphe de Septime Sévère, érigé à Béja en 209, commémore d'ailleurs cet événement.

 

Déchéance et renaissance

En 429, les Vandales, sous la conduite de Genséric, débarquent en Afrique du Nord et parcourent sa côte septentrionale, prenant et saccageant toutes les villes se trouvant sur leur route dont Béja : la ville est abandonnée durant un siècle.

 

En 448, Genséric fait raser les fortifications et démanteler le fort. Après la chute du royaume vandale en 533, sous les coups de l'armée byzantine menée par le général Bélisaire, l'empereur Justinien charge le comte Paulus de diriger les travaux de restauration de la ville et de ses fortifications qui forment dès lors une double enceinte : la première comprenant la citadelle et la seconde, qui entoure une partie de la ville, ayant la forme d'un hexagone irrégulier flanqué de 22 tours massives. En effet, dominant le flanc d'une colline à l'extrémité d'une vaste plaine, la place forte doit protéger les terres fertiles qui l'environnent, surveiller les routes et tenir en respect les turbulentes tribus montagnardes. C'est pourquoi, Justinien fait élever quelques ouvrages avancés sur les routes menant à Mateur et Tabarka. L'historien Procope de Césarée rapporte que les habitants donnèrent à leur cité le nom de Theodorida, en l'honneur de Théodora, épouse de l'empereur Justinien qui rebâtit la ville. Une inscription trouvée dans les remparts près du Contrôle civil de Béja rappelle ce fait.

 

Moyen Âge

En 670, Oqba Ibn Nafi al-Fihri fonde Kairouan et en chassent les Byzantins qui se replient vers Carthage, prise en 695, puis vers le nord-ouest, notamment à l'abri des murailles de Béja. En 696, un cousin du prophète Mahomet, meurt dans une bataille à Béja tout comme un grand nombre de soldats9. L'année suivante marque la chute de l'exarchat de Carthage et la fin du règne byzantin.

En 943, Abu Yazid prend Béja après une brève bataille contre les troupes fatimides : la ville est incendiée, les habitants (hommes et enfants) sont massacrés et les femmes réduites à l'esclavage, ce que confirme Al-Bakri qui évoque ces événements dans sa Description de l'Afrique septentrionale. Avec l'arrivée des Hilaliens sur la Tunisie au XIe siècle, les Riahs s'établissent au nord de la Medjerda et l'une de leurs fractions, les Akhdar, prend Béja et s'y établit. Ils en sont expulsés par le calife almohade Abu Yusuf Yaqub al-Mansur en 1187 après soutenu l'aventurier almoravide Ali ibn Ghania parti des îles Baléares pour se lancer à l'assaut des villes de l'Ifriqiya. En 1199, son frère Yahia assiège Béja qu'il livre au pillage. Dans les siècles suivants, Béja continue de souffrir de sa position stratégique, ce que confirme Mohamed El Abdery, voyageur et historien andalou qui visite l'Ifriqiya au XIIIe siècle.

Al-Bakri indique dans sa Description de l'Afrique septentrionale que la forteresse a été « bâtie à l'époque où vivait Jésus » et que la cité renferme « un grand nombre de caravansérails et trois places ouvertes où se tient le marché des comestibles ». L'abondance et la qualité des sources d'eau, qu'il attribue au climat pluvieux de la région, figurent également dans son récit et permettent de souligner la fertilité des terres environnantes et la grande production agricole qui en découle. Al Idrissi, qui se rend dans la région vers 1130, souligne « qu'il n'est dans tout le Maghreb de ville de l'importance de Badja qui soit plus riche en céréales ».

 

Époque moderne

Léon l'Africain parcourt un peu avant 1516 l'Afrique du Nord. Dans le récit de son voyage se trouve une description de Béja où il remarque « toutes sortes d'artisans, même de tissiers et d'une infinité de gens s'adonnant à l'agriculture parce que la campagne est fort spacieuse et fertile ». Luis del Mármol Carvajal signale que la richesse de la cité « fait dire ordinairement à ceux de Tunis que s'il y avait encore une ville comme celle-là le blé serait aussi commun que le sable ».

Avec l'instauration de la dynastie des Husseinites, le souverain tunisois procède à une levée annuelle des impôts décrite par le chroniqueur béjaois Mohammed Seghaier Ben Youssef El Béji.

En 1734, les Algériens envahissent la Tunisie. Hussein Ier Bey fait alors évacuer les villes situées sur leur route, parmi lesquelles Béja dont une partie des habitants se réfugient à Tunis sous la conduite du kahia des spahis de la ville. En 1737, Ali Ier Pacha, neveu d'Hussein Ben Ali qui le renversa, envoie deux armées procéder à la levée des impôts. Son fils Younès s'installe au Bardo de Béja et fait renforcer les défenses de la kasbah. Quelques années plus tard, la kasbah est agrandie, les remparts et le Bardo de Béja restaurés. En 1756, à l'occasion d'une nouvelle incursion algérienne, le bey donne l'ordre d'expulser les habitants récalcitrants qui se défendirent et forcèrent leurs tortionnaires à fuir.

Jean-André Peyssonnel, qui visite la ville à cette époque, remarque qu'elle est « très considérable par son commerce, principalement en blé, et par le séjour que le bey y fait pendant la campagne d'été. Il y a construit un bardo à quelque distance de la ville, accompagné d'un jardin assez joli et considérable pour le pays».

 

Époque contemporaine

XIXe siècle

En 1850, Ahmed Sellami, caïd sous les règnes d'Ahmed Ier Bey et de Sadok Bey, pacifie la région après la révolte de la population à l'instigation de Sid El Adel, prince qui habitait le Bardo de Béja. En 1864, les Kroumirs, lassés par les exactions du ministre Mustapha Khaznadar, se révoltent et marchent sur Tunis sans l'appui des Drids de Béja qui leur font défection. Indignés, les Kroumirs descendent de leurs montagnes en janvier 1865, se ruent sur la fertile plaine, pillent les propriétés et enlèvent les troupeaux.

Plusieurs voyageurs français visitent la Tunisie dans la seconde moitié du siècle et s'arrête durant leur périple à Béja. Henry Dunant évoque dans sa Notice sur la régence de Tunis que Béja que « les Maures qui l'habitent sont industrieux, et font un grand commerce avec l'intérieur ». Victor Guérin décrit aussi Béja lors d'un voyage en 1860 en précisant que « la mosquée principale, consacrée à Sidi Aïssa, passe pour la plus ancienne de la Tunisie » et « aurait été primitivement une église chrétienne » qui aurait été remaniée par la suite. La population ne dépasse pas alors 4 000 habitants.

 

Albert de La Berge décrit aussi Béja comme ayant « une importance stratégique par sa position aux confins sud-est du pays des Kroumirs et par le peu de distance qui la sépare de la vallée et du chemin de fer de la Medjerda ». Il lui trouve « un aspect assez pittoresque » avec sa forme ressemblant à « un pentagone irrégulier dont la kasbah serait le sommet ». Il remarque également la source d'Aïn Béja et les restes du pont romain. Évaluant également la population entre 4 000 et 5 000 habitants, il remarque que la cité « a perdu son ancienne splendeur et elle ne tente le voyageur que par sa position gracieuse et la vue magnifique dont on jouit du haut de sa kasbah ».

Le 1er septembre 1879, la ligne de chemin de fer Tunis-Béja-Jendouba est ouverte au trafic pour la desserte des mines de plomb. Cette ligne est prolongée en 1884 jusqu'à Ghardimaou pour la raccorder au réseau ferroviaire algérien. Le traité du Bardo du 12 mai 1881 place la Tunisie sous le protectorat français.

XXe siècle

Jusqu'en 1905, en dehors de l'enceinte de la médina et uniquement sur la rive gauche de l'oued Bouzegdem qui traverse la ville, les Français bâtissent en 1895 un hôtel des Postes et Télégraphes et l'Hôtel municipal. En 1898 sont inaugurés le Contrôle civil et la première église. On construit le bâtiment qui abritant la justice de paix. En 1899, l'ancien cimetière chrétien étant devenu trop petit, la municipalité le fait agrandir et entourer d'un mur.

On construit alors un pont de bois pour relier les deux rives. En 1908, l'internat primaire des garçons ouvre alors qu'en 1912, l'internat des filles ouvre à son tour. En 1910 a lieu l'inauguration d'un hôpital-infirmerie puis en 1933 celle du Palais municipal actuel. C'est aussi sur cette même rive que se localisent les cinémas (Le Rex et L'Idéal), les cafés-bars (De Paris, Des Colons, Phénix, Costanzo, Lombardo, Marie ou Borghese), les hôtels (De France et De Tunis), les boulangeries et pâtisseries (Durany), les restaurants, les banques (De l'Algérie et De Tunisie), les garages (Chollet et Pontillo), la minoterie, les silos à blé, les magasins, la salle des fêtes, les librairies (Kores), le stade, la prison, les ponts et chaussées.

Le 25 avril 1934, Habib Bourguiba et Tahar Sfar arrivent à Béja pour créer la première cellule du Néo-Destour de la ville à l'occasion d'un meeting qui a eu lieu au mausolée Sidi Baba Ali Smadhi. Une manifestation se dirige au cimetière Sidi Salah Zlaoui pour protester contre la mairie française accusée d'utiliser le cimetière musulman comme dépotoir et de permettre aux colons d'y agrandir les maisons mitoyennes. En réalité, il s'agit surtout d'empêcher les musulmans naturalisés français d'y être enterrés.

Le 3 septembre, la cellule du Néo-Destour est fermée par les autorités françaises et ses membres arrêtés le 7 septembre. Le 9 avril 1938, les membres de cette cellule sont à nouveau arrêtés après les événements de Tunis. Avec la Seconde Guerre mondiale, la cité est à nouveau touchée par un conflit international. Le 8 novembre 1942, les forces américaines et du Commonwealth débarquent en Algérie et au Maroc.

 

Les Allemands répondent immédiatement par l'envoi d'une force en Sicile, au nord-est de la Tunisie. Le 16 novembre, une délégation de militaires allemands arrive à Béja, rencontre le maire Jean Hugon et lui fixe un ultimatum de 24 heures pour que la ville capitule. Le lendemain, la première division de parachutistes anglais occupe les collines au nord de Béja. Le 19 novembre, en représailles, les Messerschmitt Bf 110 et les Junkers Ju 87 allemands bombardent la cité, le Palais municipal gardant encore les impacts des balles allemandes sur sa façade. Deux mois plus tard, le 26 février 1943, les Allemands encerclent Béja, centre vital des alliés, dans l'intention de défoncer les lignes de la première armée britannique dans le cadre de l'Opération Ochsenkopf. Les Allemands attaquent aux mortiers et par les multiples attaques de leurs Messerschmitt. Le mois de mai 1943 voit finalement la défaite des Allemands par les forces alliées. Le cimetière militaire de Béja abrite désormais 396 tombes où reposent les soldats du Commonwealth tués au combat dont 87 soldats non identifiés.

 

Le 13 janvier 1952, Bourguiba, président du Néo-Destour, lance lors d'un meeting à Bizerte un appel à la lutte totale jusqu'à l'indépendance de la Tunisie.

Le 15 janvier, un meeting féminin organisé par les militantes destouriennes au mausolée Sidi Baba Ali Smadhi a lieu. Wassila Ben Ammar, originaire de Béja et future épouse de Bourguiba, préside le meeting et expose la situation politique. Un second meeting, auquel participent femmes et hommes a lieu dans l'après-midi au siège de la fédération du Néo-Destour. De là part une manifestation composée d'environ 800 personnes. La police procède alors à l'arrestation d'une vingtaine d'entre elles et les transfère à Bizerte. Lors de l'indépendance du pays en 1956, les changements se succèdent et transforment la ville coloniale. Les Européens qui voient leurs conditions de vie bouleversées se résolvent progressivement au départ. Au fur et à mesure, les Béjois les remplacent et la population de la ville continue de croître. L'opposition entre la ville arabe et la ville européenne s'atténue progressivement avec l'arabisation de la population. Sous la pression démographique, la ville s'étend encore avec la création de nouveaux quartiers.

Les équipements hérités du protectorat sont progressivement renouvelés et modernisés et de nouvelles constructions enrichissent le paysage urbain. Dans le même temps, une politique active d'industrialisation développe l'économie municipale avec la création de la Société tunisienne de sucre le 29 juillet 1960.

Architecture et urbanisme

Non loin de Béja existent des vestiges archéologiques datant de l'Antiquité dont ceux de Dougga qui est alors l'une des résidences des princes numides avant d'être un établissement prospère dans la province romaine d'Afrique.

Centre-ville

Le noyau central de l'agglomération est formé d'une médina cernée de remparts (kasbah) et d'une ville moderne, née sous le protectorat français de Tunisie et incluant le Palais municipal, monument classé construit en 1933 et faisant office d'hôtel de ville.

En 1938 est entreprise une vaste opération de rénovation d'une partie de la ville moderne avec la création du quartier européen sur la rive droite de l'oued Bouzegdem et d'importants travaux d'assainissement dont le plus important est la couverture de l'oued qui traversait alors toute la ville.

À l'entrée de la ville, trois cigognes, oiseaux associés par les Béjaois à la prospérité, accueillent les visiteurs. Le pont de Trajan, qui mesure 70 mètres sur 7,30 mètres et possède trois arches, est inauguré en 129 sous le règne d'Hadrien mais sa construction avait été lancée par Trajan qui lui a laissé son nom.

 

Kasbah

En ville, la kasbah a été construite à l'emplacement d'un fortin carthaginois. En 17 av. J.-C., les Romains démantèlent la vieille citadelle carthaginoise et construisent celle dont subsistent les restes imposants tout comme les fortifications. En 448, Genséric le Vandale fait raser les fortifications et démantèle le fort. En 533, l'empereur byzantin Justinien restaure la citadelle et les fortifications auquel les Husseinites, qui y installent quatorze canons, ajoutent une tour en 1738. En mai 1881, les forces militaires françaises démolissent une partie des remparts de la ville. En 2005, la kasbah est à nouveau restaurée pour un coût de 270 000 dinars et selon une étude réalisée par l'Institut national du patrimoine.

 

Médina

La médina abrite divers édifices religieux dont la Grande mosquée et la mosquée du Bey. Plusieurs grands mausolées y sont dispersés dont ceux de Sidi Bouteffaha, Sidi Baba Ali Smadhi, Sidi Hadj Miled, Sidi Taïeb et Sidi Bouarba.

Divers autres monuments sont à noter, comme la fontaine Bab El Aïn, bâtie par le ministre des Finances Youssef Saheb Ettabaâ dans un style d'inspiration ottomane, et le palais du Bardo, une résidence beylicale de choix pour les princes mouradites et husseinites, construite par les Ottomans en 1615.

Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9ja

Hôtel de Ville de Béja (monument classé construit en 1933)


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